23/09/2016
- Air extérieur
Cette étude a montré un impact faible de Yara sur les concentrations particulaires à Camée (Montoir-de-Bretagne) au regard des autres contributions locales industrielles. En période de dégradation de la qualité de l’air et dans des conditions peu dispersives, le nitrate d’ammonium émis par Yara peut localement contribuer au dépassement de seuils réglementaires pour les PM10. Ces épisodes pourraient être réduits ou évités avec une mise en œuvre des différents émetteurs de poussières de la zone industrielle d’actions visant à abaisser les émissions de PM10 en cas de prévision de dépassement des seuils d’information et d’alerte.
contexte : une seconde évaluation de l’influence de l’activité de Yara sur la qualité de l’air
Dans la continuité de l’évaluation des niveaux de poussières et de nitrate d’ammonium particulaire dans l’environnement de son établissement de Montoir de Bretagne en 2008[1]/[2], la société Yara France a souhaité un réexamen de son influence sur la qualité de l’air et s’est alors rapprochée d’Air pays de la Loire.
Lors de cette précédente étude, une approche par modélisation avait permis d’identifier les zones de retombées et d’estimer les concentrations en poussières totales et submicroniques de nitrate d’ammonium liées aux émissions spécifiques de l’établissement.
L’approche par la mesure avait mis en évidence :
- l’influence des émissions de l’établissement sur les niveaux de poussières fines et de nitrate d’ammonium ;
- une pollution moyenne particulaire sensiblement équivalente à celle d’un site urbain non influencé avec un risque de dépassement des valeurs réglementaires très limité.
moyens : des mesures en continu et une caractérisation chimique des poussières
Au total, quatre sites de mesure ont été instrumentés pour mesurer en continu les poussières fines PM10 et PM2,5 du 15 janvier au 31 mai 2016, trois dans l‘environnement de l’établissement (cf. carte) et un quatrième situé sur la commune de Savenay à une quinzaine de kilomètres pour comparaison. Des prélèvements journaliers de ces poussières ont par ailleurs permis leur caractérisation chimique pour 15 journées d’intérêt.
conclusions et perspectives
un empoussièrement général lié à des sources locales pouvant ponctuellement impacter significativement les niveaux de poussières fines
L’évaluation de l’influence des émissions de Yara est rendue complexe compte tenu des nombreux émetteurs de poussières situées sur la zone d’implantation de l’établissement.
D’un point de vue réglementaire, le seuil d’information a été dépassé à 3 reprises au mois de mars, le premier sous l’effet d’un épisode généralisé de pollution particulaire, les deux autres probablement sous l’effet des surémissions de particules produites localement par l’activité industrielle de la zone conjuguées à des niveaux de fond élevés.
Par extrapolation à l’année, l’objectif de qualité pour les particules PM2,5 risque très probablement d’être dépassé comme sur la plupart des autres sites de surveillance de ce polluant. En revanche, les autres valeurs réglementaires exprimées en moyenne annuelle ne présentent a priori pas de risques particuliers de dépassement.
des niveaux en nitrate et ammonium à ne pas négliger en cas de dégradation de la qualité de l’air
Cette étude a par ailleurs permis d’apprécier l’impact de Yara sur les concentrations particulaires à Camée qui au regard des autres contributions (carrière, terminal multivrac, zone de stockage de charbon…) se révèle négligeable. Toutefois, les analyses chimiques ont permis de quantifier cet apport.
Ainsi, durant la campagne de mesure les apports maximaux de nitrate et d’ammonium imputables à Yara mesurés en moyenne journalière sont respectivement de 3,4 et 1,1 µg/m3 à Camée, 4,8 et 1,3 à Bossènes hors épisode contre 9,5 et 3,5 µg/m3 lors de l’épisode particulaire le 12 mars. En cas de dégradation de la qualité de l’air et dans des conditions peu dispersives, le nitrate d’ammonium émis par Yara peut donc localement contribuer au dépassement du seuil d’information ou d’alerte applicable aux PM10 et exposer les travailleurs, voire les résidents les plus proches à des concentrations moyennes journalières de particules non réglementaires plus fréquemment que sur le reste de la région.
Air Pays de la Loire recommande donc :
- compte tenu de la présence de nombreux émetteurs de poussières, un suivi annuel des poussières fines dans l’environnement de la zone industrielle, lequel permettrait de comparer strictement les niveaux de poussières aux valeurs réglementaires, accompagné d’études de caractérisation de ces poussières visant à spécifier leurs origines. Ce suivi pourra compléter l’actuel dispositif mis en œuvre par le port autonome Nantes Saint-Nazaire fournissant des moyennes mensuelles de particules totales (TSP) dans la zone industrielle ;
- la mise en œuvre, par les émetteurs de poussières fines de la zone industrielle, d’actions visant à abaisser les émissions de PM10 en cas de prévision de dépassement des seuils d’information et d’alerte, conformément à l’arrêté du 7 avril 2016.
[1] Air Pays de la Loire, modélisation des niveaux de nitrate d’ammonium YARA France à Montoir de Bretagne, étude préliminaire à la campagne de mesure 2008
[2] Air Pays de la Loire, niveaux de poussières dans l’environnement de YARA France, campagne de mesure octobre 2008 à janvier 2009