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Le rôle du CMEI dans l'amélioration de la qualité de l'air intérieur et la santé respiratoire

Les Centres de Médecine Environnementale Intérieure (CMEI) jouent un rôle essentiel dans le diagnostic et la gestion des problèmes de santé liés à l'environnement intérieur. Face à des symptômes respiratoires ou des pathologies exacerbées par la pollution intérieure, ces professionnels identifient les sources de contamination et recommandent des solutions pour améliorer la qualité de l'air. Leur approche méthodique, qui inclut évaluation, mesures et suivi, permet souvent de constater des améliorations notables dans la santé des patients, tout en posant des défis liés à la sensibilisation et aux ressources disponibles pour la mise en œuvre des solutions.

Romain Habeau, Anne Levillain et Aurélien Riodel, nos trois CMEI des Pays de la Loire, présentent leur métier ainsi que leur engagement pour la qualité de l'air intérieur (QAI) :

Situations de sollicitation et déclencheurs spécifiques

Les CMEI sont principalement appelés lorsque des problèmes de santé liés à l’environnement intérieur sont suspectés. Ces déclencheurs incluent : 

  • Symptômes respiratoires (toux, essoufflement, sifflements)
  • Allergies (rhinite, conjonctivite, eczéma) et asthmes exacerbés
  • Infections respiratoires d'origine environnementale
  • Syndrome des bâtiments malsains liés à la présence de polluants et/ou de moisissures (plusieurs occupants symptomatiques dans un même logement)

Méthode de travail pour un diagnostic environnemental

Lors d'une intervention, le CMEI suit une méthode structurée : 

  • Évaluation initiale : discussions avec les patients pour comprendre leurs symptômes et habitudes de vie, ainsi que des observations visuelles du logement
  • Identification des sources : repérage des sources de pollution (moisissures, produits d’entretien, appareils de chauffage mal ventilés, etc.)
  • Mesures et analyses : utilisation d’appareils de mesure pour détecter les niveaux de certains polluants, comme le CO2, le CO, les composés organiques volatils (COV), et le niveau d'humidité, et selon les cas, prélèvements pour analyses de moisissures, mesure semi-quantitative des acariens
  • Préconisations et rapport : rédaction d’un rapport de diagnostic avec des recommandations adaptées pour améliorer la qualité de l’air intérieur, incluant les résultats des analyses, envoyé au médecin prescripteur, au patient, et si besoin au médecin généraliste
  • Suivi à 6 mois et 1 an de la mise en œuvre des recommandations, par téléphone, ou mail

Sources de pollution intérieure fréquentes

Les sources les plus courantes incluent : 

  • Moisissures et acariens (favorisés par une humidité élevée)
  • Produits d’entretien et de bricolage (contenant des COV)
  • Appareils de cuisine et de chauffage (notamment les poêles mal ventilés ou les cheminées sources de PM2,5, la cuisine au gaz source de NO2)
  • Matériaux de construction (certains isolants et peintures peuvent émettre des substances nocives)
  • Ventilation inadéquate (qui empêche le renouvellement d'air)
photos de moisissures, acariens et matériaux de bricolage

Collaboration avec les médecins 

Les CMEI travaillent souvent en lien étroit avec des médecins, en particulier dans le cadre de pathologies respiratoires. Un médecin peut adresser un patient au CMEI si un lien entre ses symptômes et l’environnement intérieur est suspecté. Les résultats des diagnostics permettent aux médecins d’adapter les traitements, et l’intervention du CMEI peut parfois suffire pour réduire ou éliminer certains symptômes. 

Solutions et recommandations pour améliorer l'air intérieur 

Les recommandations incluent souvent :

  • Améliorer la ventilation et l’aération : installation ou réparation de systèmes de VMC, ou aération plus régulière des pièces
  • Réduire l’humidité : conseils pour limiter les sources d’humidité et pour chauffer correctement
  • Choisir des produits d'entretien non polluants : encouragement à utiliser des produits présentant des émissions faibles en COV (alternatives pour les produits d’entretien, suppression des parfums d’ambiance, arrêt de l’automédication par les huiles essentielles…)
  • Entretenir les appareils de chauffage pour éviter les émissions de polluants
  • Entretenir le logement : réduction de la poussière, présence des animaux, rénovation des pièces (retrait des moquettes ou papier-peint anciens)

Exemples d’améliorations notables de la santé 

Il existe des cas concrets où les conseils d’un CMEI ont permis d’améliorer la santé des patients. Par exemple, un enfant asthmatique ayant des crises fréquentes peut voir ses symptômes diminuer nettement après des interventions sur la ventilation et l’élimination des moisissures. La prise en charge des patients étant globale, il est difficile dans la plupart des dossiers de préciser le facteur d’amélioration clinique (changement de traitement, compliance au traitement, compliance environnementale…). Afin d’évaluer plus précisément l’apport des CMEI dans la prise en charge des patients, des études cliniques sont en cours au niveau national et régional (asthme, pneumopathie d’hypersensibilité).  

Satisfactions et défis du métier 

Le CMEI retire une grande satisfaction lorsqu’il constate une amélioration réelle de la qualité de vie et de la santé des occupants. Les défis sont souvent liés aux limites budgétaires des familles pour réaliser certains travaux ou à la méconnaissance des risques de pollution intérieure. Convaincre les patients de l'importance des interventions et suivre l’efficacité des recommandations restent également des enjeux importants.