08/02/2024
- Air extérieur
À la demande de la ville de Saint-Martin-des-Fontaines, Air Pays de la Loire a réalisé une campagne de mesure afin d’évaluer la qualité de l’air et d’étudier l’influence de la briqueterie présente sur le territoire.
Pendant un mois, les concentrations en particules PM10 et PM2.5, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, acide chlorhydrique et acide fluorhydrique ont été enregistrées. Les résultats montrent un enjeu pour les particules, avec des concentrations mesurées supérieures à celles relevées sur les stations de mesure permanente d’Air Pays de la Loire les plus proches, à La Tardière (environnement rural) et à La-Roche-sur-Yon (environnement urbain). Concernant le dioxyde d’azote, les niveaux enregistrés se situent entre ceux de La Tardière et de La-Roche-sur-Yon.
L’influence des activités de la briqueterie a été mise en évidence sur les niveaux de particules, dioxyde d’azote et monoxyde de carbone.
Contexte
Les activités de la briqueterie implantée sur la commune de Saint-Martin-des-Fontaines en Vendée suscite des interrogations sur la qualité de l’air de la part des riverains. Ce site historique situé à proximité immédiate du bourg produit des briques et des tuiles à partir d’argiles extraites dans des sites d’extraction, localisés à proximité du site.
La commune de Saint-Martin-des-Fontaines a sollicité Air Pays de la Loire pour conduire une campagne de mesure afin d’évaluer la qualité de l’air en zone habitée et étudier l’influence de la briqueterie sur la qualité de l’air.
Moyens
La campagne de mesure s’est déroulée entre le 3 octobre et le 3 novembre 2023.
Le déploiement d’un laboratoire mobile a permis la mesure en continu, du dioxyde d’azote (NO2), du monoxyde de carbone (CO), du dioxyde de soufre (SO2) et des particules PM10 et PM2.5.
Des mesures d’acide chlorhydrique (HCl) et d’acide fluorhydrique (HF) ont également été effectuées par tube à diffusion passive, par période de sept jours.
Résultats et conclusions
Sur la qualité de l’air à Saint-Martin-des-Fontaines
Selon l’IQA (indice de qualité de l’air), la qualité de l’air a été moyenne pendant 94 % du temps à Saint-Martin-des-Fontaines tout comme à La Tardière (site rural situé à environ 18 km), contre 87 % à La-Roche-sur-Yon (site urbain de fond). Une journée avec une qualité de l’air mauvaise a été enregistrée à Saint-Martin-des-Fontaines.
L’analyse des résultats des concentrations montre que les polluants présentant le plus d’enjeux sont les particules PM10 et PM2.5, avec des concentrations mesurées supérieures à celles relevées sur les stations de mesure permanente d’Air Pays de la Loire les plus proches, à La Tardière (environnement rural) et à La-Roche-sur-Yon (environnement urbain). Ainsi en moyenne sur la durée de la campagne, les concentrations en particules PM10 ont été plus élevées de 6 μg/m3 que celles mesurées à La Tardière et de 5 μg/m3 par rapport à celles mesurées à La-Roche-sur-Yon. La concentration moyenne en particules fines PM2.5 a été quant à elle supérieure de 3 μg/m3 à celle relevée à La Tardière et de 2 μg/m3 à celle mesurée à La-Roche-sur-Yon.
Les surconcentrations (c’est-à-dire lorsque les concentrations mesurées à Saint-Martin-des-Fontaines sont à la fois supérieures à celles de La Tardière et à celles de la Roche-sur-Yon) ont représenté 55 % du temps des mesures pour les particules PM10 et 50 % du temps pour les particules fines PM2.5.
Avec une concentration moyenne pendant la campagne de 4,8 μg/m3, les niveaux relevés en dioxyde d’azote à Saint-Martin-des-Fontaines ont été intermédiaires entre les niveaux relevés à La Tardière et à La-Roche-sur-Yon. Cependant des surconcentrations ont été enregistrées à Saint-Martin-des-Fontaines pendant 16 % du temps.
Pour l’acide fluorhydrique, des concentrations supérieures à celles mesurées sur le site de La Tardière ont été relevées lors de la dernière semaine de la campagne.
Enfin, les niveaux enregistrés pour le monoxyde de carbone, le dioxyde soufre et l’acide chlorhydrique sont restés proches voire inférieurs aux limites de détection.
Le tableau ci-dessous synthétise les niveaux des polluants au regard des seuils réglementaires et des recommandations OMS, enregistrés à Saint-Martin-des-Fontaines.
L’analyse de ce tableau montre :
- Un respect des valeurs réglementaires françaises et des recommandations OMS pour le monoxyde de carbone, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre et l’acide fluorhydrique ;
- Un dépassement du seuil d’information à Saint-Martin-des-Fontaines pour les particules PM10 durant une journée ;
- Un dépassement très probable de l’objectif de qualité en particules fines PM2.5 à Saint-Martin-des-Fontaines ;
- Un dépassement de la recommandation OMS pour les particules fines PM2.5 en moyenne journalière pendant la campagne à Saint-Martin-des-Fontaines. Cette recommandation n’est pas dépassée durant la période de la campagne, à La Tardière et La-Roche-sur-Yon mais elle sera très probablement dépassée sur l’année 2023 ;
- Les autres recommandations OMS pour les particules seraient très probablement dépassées à Saint-Martin-des-Fontaines et à La-Roche-sur-Yon.
Sur l’influence de la briqueterie
L’influence des activités de la briqueterie a été mise en évidence sur les niveaux de concentrations en particules PM10 et particules fines PM2.5.
Ainsi pendant les périodes où le site de mesure était sous les vents de la briqueterie, les concentrations moyennes horaires en particules PM10 ont été supérieures de 12 μg/m3 par rapport à celles issues des stations de La Tardière et de La-Roche-sur-Yon.
Celles en particules fines PM2.5 ont été supérieures de 7,7 μg/m3 par rapport à celles de La Tardière et de 7,1 μg/m3 par rapport à celles de
La-Roche-sur-Yon.
Cette influence est visible pendant environ 17 % du temps de la campagne.
De même, une influence a été mise en évidence sur les concentrations relevées en dioxyde d’azote et en monoxyde de carbone. Sous les vents de la briqueterie, les concentrations en dioxyde d’azote ont été en moyenne plus élevées que celles mesurées à La Tardière (+5 μg/m3) et à La-Roche-sur-Yon
+3,1 μg/m3).
Enfin, une influence des émissions de la briqueterie n’est pas à exclure sur les concentrations relevées en acide fluorhydrique. En effet, sur les quatre semaines de mesure, une concentration supérieure à la limite de détection a été relevée alors que le site de mesure était sous les vents de la briqueterie.
Perspectives
Compte tenu de ces résultats, Air Pays de la Loire préconise la poursuite d’un suivi de la qualité de l’air à Saint-Martin-des-Fontaines. Ce suivi, selon des méthodes de mesure normées, se focaliserait sur la mesure des particules PM10 et PM2.5 par des analyseurs automatiques et de l’acide fluorhydrique par tube à diffusion passive sur le même site. Une campagne de mesures de 2 mois pourrait être alors mise en oeuvre à échéance régulière.