13/06/2018
- Air extérieur
La perspective de la mise en service en décembre 2017 de la chaufferie Belle-Beille à Angers a suscité des interrogations des riverains. Dans ce contexte, Alter, l’exploitant, s’est rapproché d’Air Pays de la Loire qui a mis en place un laboratoire mobile de novembre 2017 à avril 2018. Les résultats montrent que les niveaux dans l’atmosphère sont le plus souvent faibles et que la qualité de l’air du quartier est représentative d’une zone périurbaine.
contexte : des interrogations des riverains et une sollicitation d’Alter
La chaufferie Belle-Beille exploitée par la société Alter a été mise en service le 12 décembre 2017. La chaufferie se compose de 2 chaudières bois et de 2 chaudières gaz. Une chaufferie est un équipement soumis à des prescriptions environnementales rigoureuses. Néanmoins, sa mise en service a suscité des interrogations des riverains des communes d’Angers et Beaucouzé. A ce titre, Alter s’est rapproché d’Air Pays de la Loire pour évaluer l’impact sur la qualité de l’air de l’installation.
objectifs : une approche objective des enjeux
Les objectifs visés étaient les suivants :
- situer les niveaux de qualité de l’air par rapport à la réglementation en vigueur ;
- évaluer l'éventuelle influence des émissions de la chaufferie ;
- expliquer certaines situations de dégradation de la qualité de l’air.
moyens : un dispositif adapté à l’environnement d’une chaufferie bois
Air Pays de la Loire a mis en place le 15 novembre 2017, soit un mois avant la mise en service de la chaufferie, un laboratoire mobile dans son environnement immédiat et près de zones d’habitation, mesurant les principaux indicateurs, dont les particules. La campagne s’est poursuivie jusqu’au 10 avril 2018. Cinq espèces majeures ont été mesurées : le dioxyde d’azote (NO2), les particules fines (PM10 et PM2,5), le dioxyde de soufre (SO2) et le carbone élémentaire prélevé dans la fraction PM2,5.
résultats : pas d’influence de la chaufferie à l’exception d’une journée transitoire
situation météorologique
Durant la campagne de mesures, les vents ont été très majoritairement d’ouest, de provenance océanique. Les vents de nord-est correspondant à la fois à des situations anticycloniques et des vents dirigeant potentiellement les émissions de la chaufferie vers le site de mesures, ont soufflé seulement 10 % du temps.
le dioxyde de soufre
Le dioxyde de soufre est principalement émis, dans le secteur industriel, par la combustion des combustibles fossiles contenant des impuretés soufrées (charbon, fuel, gaz,…). Les concentrations en dioxyde de soufre sont restées très faibles L’élévation mineure constatée du 20 au 27 février 2018 (maximum de 12 μg/m3) est d’un facteur 25 inférieure au seuil de recommandation-information fixé à 300 μg/m3 en moyenne sur une heure.
le dioxyde d’azote (NO2)
En milieu urbain, le dioxyde d’azote est à plus de 50 % lié aux émissions du transport routier, puis de l’industrie et dans une moindre mesure du secteur résidentiel et tertiaire. Les concentrations en dioxyde d’azote à Beille-Beille sont homogènes avec celles enregistrées au niveau des sites permanents de surveillance avec des maxima deux fois moindres que le seuil d’information-recommandation et fortiori avec le seuil d’alerte. La chaufferie n’a pas d’influence sur les niveaux mesurés au niveau du laboratoire mobile (influence largement prépondérante du transport routier).
les particules PM2,5
Ces particules très fines sont émises en majorité par le secteur résidentiel-tertiaire (chauffage au bois domestique, notamment), puis par l’agriculture, le transport routier et l’industrie. On peut considérer que le niveau de PM2,5 à Belle-Beille sur les cinq mois de mesure est largement inférieur à la valeur limite et reste proche de l’objectif de qualité de 10 μg/m3, ce qui témoigne d’une bonne qualité de l’air aux PM2.5. Aucune influence spécifique de la chaufferie n’a été mise en évidence.
les particules PM10
Les particules fines PM10 proviennent en majorité du secteur agricole puis à parts égales entre le résidentiel-tertiaire, le transport et l’industrie. L’évolution des moyennes journalières pendant les cinq mois de mesures met en évidence :
- des concentrations le plus souvent homogènes entre les sites et faibles,
- néanmoins sont apparus deux dépassements du seuil d’information-recommandation : le 19 décembre 2017 (fonctionnement gaz) et le 22 février 2018 (fonctionnement majoritaire au bois).
épisode du 19 décembre 2017
Cet épisode intervient dans un contexte d’élévation des niveaux de PM10 généralisée dans les Pays de la Loire lié à la forte présence de l’effet de la combustion du bois. La société Alter indique que le réfractaire de la petite chaudière au bois a fait l’objet d’un séchage entre le 18 et le 22 décembre dans des conditions où le filtre à particules est by-passé (absence de filtration des fumées). Le pic observé à Belle-Beille est donc le résultat d’une combinaison d’émissions de chauffage au bois domestique (épisode généralisé) et d’une influence spécifique de la chaufferie des concentrations totales en PM10.
A noter :
- le séchage du réfractaire est une opération isolée. Le dépassement du seuil est donc intervenu dans des conditions transitoires de fonctionnement de l’établissement ;
- plusieurs dépassements de ce seuil interviennent chaque année dans la région des Pays de la Loire et en France en lien avec des épisodes généralisés de dégradation de la qualité de l’air. La situation du 19 décembre 2017 n’est donc pas exceptionnelle.
épisode du 22 février 2018
Cet épisode est intervenu dans un contexte de faible contribution de la combustion du bois. L’épisode est marqué par une situation d’élévation très généralisée avec une prédominance de particules venant d’activités agricoles à l’extérieur des Pays de la Loire. Dans ces conditions, l’influence de la chaufferie « Belle-Beille » est exclue.