14/03/2012
- Air extérieur
Air Pays de la Loire a réalisé des mesures de qualité de l’air durant toute l’année 2010 sur deux sites situés à proximité de voies de circulation importantes, au Mans et à Trignac. Aucun dépassement de seuil réglementaire n’a été enregistré à Trignac, à l’inverse du Mans où les niveaux de dioxyde d’azote ont été supérieurs à l’objectif de qualité et la valeur limite, et où ceux de benzène ont également dépassé l’objectif de qualité.
contexte : surveillance de la qualité de l’air à proximité des voies de circulation
En agglomération, la dégradation de la qualité de l’air est principalement observée à proximité immédiate des axes de circulation. De manière générale, les rues les plus exposées à la pollution sont les voies de centre-ville dont la configuration canyon est défavorable à la dispersion des polluants émis par les véhicules en circulation. Des niveaux de pollution significatifs et susceptibles de dépasser les valeurs réglementaires sont également mesurés à proximité de voies à très forte circulation (autoroutes) et ce malgré une configuration aérée [11].
Dans le cadre du programme de surveillance de la qualité de l’air Argos, Air Pays de la Loire met en œuvre, depuis 2005 [1, 2, 3, 4, 5], en complément des mesures fixes, un suivi annuel de la qualité de l’air en situation de proximité automobile. En 2010, 2 sites ont été instrumentés :
- le boulevard Léon Blum (Nationale N 171) à Trignac ;
- et l’avenue Mendès France au Mans.
Le choix de ces deux sites a été réalisé selon les critères suivants.
Dans le cas de Trignac, une cartographie des niveaux de pollution de l’agglomération de Saint-Nazaire réalisée par modélisation a montré des concentrations de dioxyde d’azote (NO2) potentiellement élevées en bordure de la nationale N 171. D’autre part, selon la DREAL et la Ville de Trignac, d’importantes nuisances sonores sont signalées au niveau des habitations proches de cet axe.
Dans l’agglomération du Mans, l’étude de la présence de population, des configurations des voies de l’agglomération et des données de trafic associées, a permis d’identifier l’avenue Mendès France comme voie exposée à des niveaux de pollution potentiellement importants.
objectifs : évaluer la qualité de l’air de deux sites en proximité automobile
L’objectif de cette étude est d’évaluer durant une année la qualité de l’air avenue Mendès France au Mans et rue N171 -Léon Blum à Trignac, au regard des normes en vigueur.
moyens : deux sites de mesure instrumentés
avenue Mendès France au Mans
Du 6 janvier au 31 décembre 2010, un laboratoire mobile équipé d’analyseurs d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone, de particules PM10 et de benzène, a été installé en bordure de l’avenue Mendès France conformément aux préconisations de la directive européenne 2008/50/CE.
N171 – boulevard L Blum
Du 8 janvier au 20 décembre 2010, ont été installées deux armoires mobiles pourvues d’analyseurs d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone et de particules PM10 à 23 mètres du boulevard Léon Blum et à de 12 mètres de la rue M. Thorez, voie d’accélération pour accéder à la N171, à proximité immédiate des habitations. Des prélèvements de benzène par tubes à diffusion passive, ont également été effectués sur site, lors de 4 séquences de 5 semaines chacune, réparties au cours de l’année.
résultats : situation des niveaux par rapport à la réglementation
Le tableau suivant résume les différents niveaux des polluants mesurés durant l’année 2010, avenue Mendès France et sur le boulevard Léon Blum et les compare aux valeurs réglementaires : valeurs limites et objectifs qualité à l’échelle annuelle et seuils d’alerte et de recommandation-information, au niveau horaire.
D’après ces résultats :
- sur l’avenue Mendès France, le niveau moyen annuel en NO2 (60 µg/m3) a dépassé la valeur limite annuelle réglementaire ainsi que l’objectif de qualité (40 µg/m3). Sur ce site, le seuil de recommandation et d’information fixé à 200 µg/m3 de NO2 en moyenne horaire, a été également dépassé, au cours de 11 journées, sans toutefois faire l’objet de procédures d’information à l’échelle de l’agglomération car de telles procédures nécessitent un dépassement du seuil également sur un site urbain.
- à l’inverse, aucun dépassement des seuils réglementaires n’est recensé sur le boulevard Léon Blum. La pollution moyenne annuelle en NO2 (21 µg/m3) est en effet près de 2 fois plus faible que la valeur limite annuelle et l’objectif de qualité. La différence constatée entre les résultats de la modélisation urbaine effectuée pour l’année 2008 et les mesures sur site de 2010 peut en partie s’expliquer par les techniques d’interpolation utilisées dans le système de modélisation. La pollution moyenne par les particules PM10 mesurée avenue Mendès France (28 µg/m3) approche l’objectif de qualité fixé à 30 µg/m3, sans toutefois le dépasser et reste inférieur de 30 % à la valeur limite annuelle. La valeur limite de 50 µg/m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an a également été respectée (12 jours de dépassement enregistrés).
- au niveau du boulevard Léon Blum à Trignac, la concentration moyenne en PM10 (23 µg/m3) est inférieure à l’objectif de qualité et à la valeur limite. La valeur limite de 50 µg/m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an a également été respectée (9 jours de dépassement enregistrés).
- l’objectif de qualité pour le benzène (2 µg/m3) a été dépassé sur le site de l’avenue Mendès France. Toutefois sur les 2 axes, la pollution moyenne en benzène est inférieure de plus d’un facteur 2 à la valeur limite (5 µg/m3 en moyenne annuelle).
- enfin, pour les deux voies de circulation, les valeurs limites applicables au monoxyde de carbone sont largement respectées.
résultats : la pollution par le dioxyde d’azote, une problématique typique des sites de trafic
Le dépassement de la valeur limite NO2 en moyenne annuelle en proximité automobile n’est pas spécifique à l’avenue Mendès France mais a été constaté également sur d’autre sites de trafic de la région (avenue du Maréchal Joffre, rue Crébillon à Nantes ; avenue de la République à Saint-Nazaire ; voie des berges à Angers). Plus largement, 24 agglomérations de plus de 100 000 habitants présentent des sites de trafic dépassant cette valeur réglementaire en 2010.
Des dépassements du seuil d’information de la population fixé à 200 µg/m3 en moyenne horaire ont été enregistrés sur l’avenue Mendès France durant 11 journées. Ces dépassements sont également constatés à des fréquences diversifiées, sur la majorité des stations de trafic investiguées par Air Pays de la Loire (cf. graphique ci-contre). Toutefois ces dépassements ne font pas l’objet de déclenchements de procédure d’information car de telles procédures nécessitent un dépassement du seuil également sur un site urbain.
perspectives : poursuite des mesures en proximité des voies de circulation
Conformément au Programme de Surveillance de la Qualité de l’Air qui fixe les grandes orientations de la surveillance dans les Pays de la Loire la surveillance de la qualité de l’air en proximité automobile se poursuit en 2011.
Afin d’être en cohérence avec le dispositif minimal européen mentionné dans la directive 2008/50/CE un site de trafic doit être mis en œuvre dans une des agglomérations de la région : Angers, Le Mans, La Roche-sur-Yon, Laval ou Cholet.
Compte tenu de l’historique de surveillance dans ces agglomérations (mesures en proximité automobile en 2010 au Mans, en 2009 à la Roche-sur-Yon, en 2006 à Cholet), le choix s’est porté sur l’agglomération de Laval en 2011.
Après une étude environnementale et technique, le suivi annuel est effectué au niveau du cours de la résistance à Laval. Cet axe de circulation (3 voies de circulation ; plus de 14 000 véhicules/jour) est un des principaux axes permettant l’accès au centre-ville de Laval.
Dans l’agglomération nantaise, la surveillance en proximité automobile réalisée au niveau du boulevard V. Hugo sera complétée en 2011 par un suivi annuel au niveau de la rue Jean Jaurès à Rezé dans le Sud de l’agglomération ; cette partie de l’agglomération nantaise n’ayant pas encore fait l’objet d’une surveillance en proximité routière. La rue Jean Jaurès accueille 11 000 véhicules par jour présente une configuration semi canyon (rapport H/L de 0.6) et constitue un axe de circulation permettant aux Rezéens l’accès au centre-ville de Nantes.
Par ailleurs, la modélisation des niveaux de pollution dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants réalisée en 2011 permet également d’évaluer la pollution à proximité des voies de circulation.