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Évaluation des niveaux de benzène dans l'air dans l'environnement de la raffinerie Total à Donges, campagne 2013

  • Air extérieur

L’étude menée confirme les observations des campagnes précédentes et fait ressortir des concentrations moyennes en benzène du même ordre de grandeur que celles mesurées dans l’environnement d’autres centres de raffinage français. Depuis la première étude menée en 2006-2007, il est observé une baisse régulière des niveaux de pointe, liée aux actions mises en œuvre par l’exploitant pour limiter ses rejets.

contexte : poursuite de l’évaluation du benzène dans l’environnement de la raffinerie

La raffinerie Total de Donges est la seconde raffinerie de Total de France par sa capacité de traitement. Construite en 1930, elle atteint en 2012 une capacité de traitement de 11 millions de tonnes ce qui représente plus de 14 % de la consommation nationale annuelle et près de 27 % de la capacité de raffinage de Total en France (UFIP, 2014).
Ses émissions de benzène dans l’air sont estimées à 13 tonnes en 2012, en nette diminution par rapport à 2006 (- 24 % entre 2006 et 2012).
Les arrêtés préfectoraux du 16 juin 2005 et du 3 juillet 2006 imposent une surveillance du benzène dans l’environnement de l’établissement. Depuis 2005, à la demande de Total, Air Pays de la Loire réalise l’étude d’évaluation des concentrations atmosphériques en benzène dans l’environnement de son établissement..

objectifs : un suivi spatial et temporel

L’objectif de cette étude est double :

  •     étudier la distribution spatiale des concentrations dans l’air en benzène sur 4 sites localisés à proximité de la raffinerie et déterminés suite aux résultats de l’étude 2005-2007, en raison de leur proximité de l’établissement.
  •     étudier l’évolution temporelle fine du benzène sur le site de Pasteur, station permanente d’Air Pays de la Loire située à 250 mètres de la raffinerie et localisée au sud du centre-ville de Donges. Cette évolution fine des teneurs couplée aux mesures de direction de vent, permet de localiser les zones d’émissions prépondérantes au sein de la raffinerie.

moyens : 2 méthodes de mesure complémentaires

Afin de répondre aux 2 objectifs, Air Pays de la Loire a mis en œuvre deux techniques complémentaires de mesure du benzène.

mesures par tubes à diffusion passive

Les mesures par tubes à diffusion passive permettent d’avoir accès aux teneurs moyennes en benzène sur 7 jours mesurées sur une large zone. Cette technique a été mise en œuvre simultanément sur 4 sites (La Mégretais, Bossènes, entrée de la raffinerie et Pasteur). Ces sites ont été choisis en fonction des résultats de l’étude 2005-2007 (influence établie des rejets, répartition géographique autour de l’établissement).

Localisation des sites de mesure pourvus de tubes à diffusion passive
Localisation des sites de mesure pourvus de tubes à diffusion passive

Ces mesures ont été réalisées durant 4 séquences de 3 semaines réparties sur l’année ce qui représente une couverture temporelle annuelle de 23 % permettant de respecter l’objectif de qualité fixé par la directive 2008/50/CE à 14 % pour la saisie minimale des mesures indicatives.

mesures par analyseur automatique

Les mesures par analyseur automatique permettent de mesurer les concentrations en benzène au niveau horaire et ainsi d’avoir des informations sur leur évolution à un pas de temps court. Un analyseur automatique a donc été installé sur le site de Pasteur, l’étude de 2005-2007 ayant montré une influence des émissions de la raffinerie dans cette zone. Les mesures ont été effectuées en continu pendant 2 périodes : du 10 avril au 18 juin 2013, et du 29 septembre au 10 décembre 2013, soit un total de 5 mois de mesure.
Rappel : le dispositif mis en œuvre ne permet pas de situer de façon stricte la concentration en benzène vis-à-vis des valeurs réglementaires (objectif de qualité, valeur limite) qui sont basées sur des concentrations annuelles de benzène. Toutefois une estimation des risques de dépassement de ces valeurs peut être établie.

résultats 1 : une teneur moyenne qui a de fortes probabilités de respecter la valeur limite

Situation par rapport à la valeur limite :

Les niveaux moyens relevés sur chacun des 4 sites sont plus faibles que la valeur limite de 5 µg/m3. Les probabilités de dépassement de cette valeur limite ont pu être estimées comme étant faibles sur l’ensemble des sites.
Sur les sites de Pasteur et La Mégretais, le niveau moyen est respectivement de 1.4 µg/m3 et 1.2 µg/m3. Il est comparable aux niveaux moyens enregistrés en milieu urbain de fond (niveau de 1.3 µg/m3 enregistré en 2013 sur le site du jardin du musée des Beaux-Arts à Angers).
Sur les sites de l’entrée de la raffinerie et Bossènes, les teneurs en benzène atteignent des niveaux moyens respectifs de 3 µg/m3 et 3.9 µg/m3, soit plus de deux fois plus que les deux sites précédents, sans atteindre la valeur limite. Ces niveaux se rapprochent de la concentration moyenne mesurée en milieu urbain à proximité du trafic (niveau de 2.8 µg/m3 enregistré en 2012 rue Gougeard au Mans).

Situation par rapport à l’objectif de qualité :

Sur les sites de l’entrée de la raffinerie et Bossènes le niveau moyen en benzène atteint respectivement 3 µg/m3 et 3.9 µg/m3. La probabilité de dépassement de l’objectif de qualité (2 µg/m3 en moyenne annuelle) n’est donc pas à exclure. Pour le site de l’entrée de la raffinerie, les résultats de l’année 2013 confirment ceux obtenus en 2008 (2 µg/m3), 2010 (1.9 µg/m3), 2011 (2.1 µg/m3) et 2012 (3.3 µg/m3). Il faut toutefois noter ici l’absence de population résidente au niveau de ce site.
Pour les sites Pasteur et Mégretais, les niveaux sont plus faibles (respectivement 1.4 µg/m3 et 1.2 µg/m3), l’objectif de qualité devrait donc être respecté.

résultats 2 : distribution spatiale des concentrations sur Donges

Évolution hebdomadaire des teneurs en benzène durant les 12 semaines de mesure
Évolution hebdomadaire des teneurs en benzène durant les 12 semaines de mesure

Les mesures hebdomadaires durant les 12 semaines ont permis de confirmer les résultats des études précédentes avec des niveaux très différents dans l’espace et le temps. Les niveaux les plus élevés sont enregistrés lorsque le site de mesure est sous les vents de la raffinerie et notamment de la partie centrale. Il est à noter que la prépondérance de vents de Nord durant cette étude (49 %) par rapport à l’année passée (27 %) a entraîné une concentration moyenne en benzène sur le site de Bossènes en 2013 (3.9 µg/m3) plus élevée qu’en 2012 (2.5 µg/m3). Selon l’exploitant, les concentrations les plus élevées mesurées sur le site de Bossènes du 4 au 11 décembre 2013 sont à relier également avec des arrivées d’eaux huileuses au niveau d’une zone de décantation dite « Maintrap des Magouëts », en raison d’opérations de purges importantes sur le parc de stockage ouest après les fortes précipitations de l’automne 2013. A noter que le site de Bossènes est potentiellement impacté par les postes de chargement des camions-citernes (gérés par la société SFDM) et leur parc de stockage, à proximité immédiate, lors de vents de sud-est[1].

résultats 3 : deux zones d’émissions prépondérantes au sein de la raffinerie

Les mesures horaires de benzène enregistrées en 2013 sur le site de Pasteur couplées aux mesures de direction de vent permettent de confirmer les résultats des études précédentes soit deux zones d’émissions prépondérantes au sein de l’établissement : le centre de la raffinerie et dans une moindre mesure la zone de stockage Ouest.

roses des vents

résultats 4 : une influence de la raffinerie en diminution depuis 2007

Depuis la première étude menée l’hiver 2006-2007, nous constatons une baisse régulière des niveaux de pointe horaire lorsque le site de Pasteur se situe sous les vents de la zone de stockage Ouest et de la partie centrale de la raffinerie ; les maxima horaires ne dépassant plus 25 µg/m3 à partir de 2008. Cette évolution à la baisse de l’impact des émissions de benzène de la raffinerie sur les teneurs atmosphériques mesurées à proximité est à mettre en relation avec les actions mises en œuvre par l’exploitant pour limiter ses rejets.

grapphique de la baisse de l’impact des émissions de benzène de la raffinerie sur les teneurs atmosphériques mesurées à proximité

conclusions

La concentration moyenne en benzène dans l’environnement de la raffinerie Total est du même ordre de grandeur que celles mesurées dans l’environnement d’autres centres de raffinage.
Le maximum enregistré sur une heure au niveau de la rue Pasteur en 2013 (13.2 µg/m3) demeure inférieur à ceux mesurés dans l’environnement des autres raffineries qui peuvent atteindre plusieurs centaines de µg/m3.
La concentration moyenne en benzène (1.4 µg/m3) rue Pasteur (secteur urbanisé dans le sud de la ville de Donges) demeure sensiblement identique à celle mesurée sur le site urbain du jardin des Beaux-Arts à Angers (1.3 µg/m3). La concentration à proximité de la raffinerie est très variable dans l’espace et le temps avec les niveaux les plus élevés lorsque le site de mesure se situe sous les vents de l’établissement notamment de la partie centrale de l’établissement par vent de Sud-Est et, dans une moindre mesure, de la zone de stockage Ouest par vent d’Ouest ; phénomène déjà observé lors des études précédentes. Selon l’exploitant, les concentrations les plus élevées mesurées sur le site de Bossènes du 4 au 11 décembre 2013 sont également à relier avec des arrivées d’eaux huileuses au niveau de la zone de décantation dite « Maintrap des Magouëts », en raison d’opérations de purges sur le parc de stockage ouest liées aux fortes précipitations de l’automne 2013.
La prépondérance de vents de Nord durant cette étude (49 %) par rapport à l’année passée (27 %) a entraîné une concentration moyenne en benzène sur le site de Bossènes en 2013 (3.9 µg/m3) plus élevée qu’en 2012 (2.5 µg/m3).
Depuis la première étude menée l’hiver 2006-2007, nous constatons, sur le site de Pasteur, une baisse régulière des niveaux de pointe horaire lorsque le site se situe sous les vents de la zone de stockage Ouest et de la partie centrale de l’établissement. Cette évolution à la baisse de l’impact des émissions de benzène de la raffinerie sur les teneurs atmosphériques mesurées à proximité est à mettre en relation avec les actions mises en œuvre par l’exploitant pour limiter ses rejets. Ces actions ont permis de diminuer de façon significative (-24 %) les émissions de benzène entre 2006 et 2012.
Enfin, et bien qu’il ne soit pas possible d’effectuer une comparaison stricte des données aux valeurs réglementaires fixées sur une moyenne annuelle, les probabilités de dépassement de la valeur limite de 5 µg/m3 ont pu être estimées comme étant faibles sur l’ensemble des sites.
La possibilité de ne pas atteindre l’objectif de qualité (2 µg/m3) n’est pas à exclure sur les sites de l’entrée de la raffinerie et Bossènes. Pour l’entrée de la raffinerie, les résultats de l’année 2013 confirment ceux obtenus en 2008, 2010, 2011 et 2012. Il faut néanmoins noter l’absence de population résidente au niveau de cette station. Pour les sites Pasteur et Mégretais, les niveaux sont plus faibles (respectivement 1.4 µg/m3 et 1.2 µg/m3), l’objectif de qualité devrait donc être respecté.
La poursuite de l’évaluation des niveaux de benzène dans l’environnement proche de la raffinerie permettra de suivre à long terme l’influence de l’évolution des émissions de l’établissement sur les teneurs atmosphériques mesurées à proximité.