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Evaluation des retombées particulaires dans l'environnement de Yara France

  • Air extérieur
  • Émissions climat

L’étude des retombées de particules dans l’environnement de YARA France s’inscrit dans un historique de mesures continues à Montoir-de-Bretagne initiée en octobre 2020. En 2021, les concentrations en PM10 et PM2.5 montrent un respect des valeurs limites réglementaires à La Camée et Plessis, et des niveaux homogènes à l’échelle régionale en moyenne annuelle.

Toutefois, l’influence de YARA sur les niveaux en particules fines est visible par pointes horaires lorsque La Camée est spécifiquement sous les vents de la zone YARA. Les concentrations de nitrate et d’ammonium sont également plus élevées lorsque La Camée est sous les vents de YARA, par rapport à un site témoin. Enfin, les dépôts de nitrate et d’ammonium sont les plus importants à proximité immédiate de l’usine, mais sont faibles et proches des limites de détection en zone habitée (La Camée, Plessis).

L’ensemble de ces résultats montre une influence de la zone d’activité YARA sur La Camée. La continuité des mesures en 2022 permettra de poursuivre la surveillance des niveaux de particules vis-à-vis des seuils réglementaires.

Contexte et objectifs

L’arrêté préfectoral n°2019/ICPE/359 du 18 décembre 2019 impose des prescriptions à la surveillance réglementaire de la pollution atmosphérique à la société Yara France sur son site de Montoir-de-Bretagne.
Le dispositif de mesure déployé en 2021 reprend celui initié en 2020, avec des mesures automatiques et permanentes de particules PM10 et PM2,5 sur l’intégralité de l’année, et en incluant la spéciation du nitrate et de l’ammonium dans l’environnement de Yara.


Les objectifs de cette étude sont doubles :

  • Évaluer l’exposition de la population aux particules PM10, PM2,5 et au nitrate d’ammonium ;
  • Apprécier l’influence des émissions de Yara sur les concentrations relevées dans la zone.

 

Moyens

Les zones de retombées maximales issues des émissions de Yara ont été identifiées par modélisation1. Suite à ces études de modélisation, des mesures automatiques ont été installées sur le site de La Camée, zone d’habitation la plus proche de l’industrie Yara (1,5 km). Des mesures automatiques ont également été réalisées à Plessis, à Donges, zone d’habitation plus éloignée de Yara (4,1 km) mais plus régulièrement sous son influence du fait de sa localisation sous les vents dominants de sud-ouest.
La spéciation du nitrate et de l’ammonium a été effectuée par prélèvements sur filtres pour en déterminer les concentrations, et par jauges pour en évaluer les retombées atmosphériques totales, sur plusieurs sites situés entre 210 et 1 500 m de l’établissement de Yara, et à Donges.
Durant l’année de mesure, l’établissement a comptabilisé au total 71 jours d’arrêt technique.

 

Résultats

L’ensemble de ces mesures a permis, d’une part, d’évaluer l’influence de la zone de Yara :

  • L’influence de Yara et son environnement sur les particules fines à La Camée n’est visible que lorsque La Camée est directement sous les vents de l’industrie. Sur 260 heures où La Camée est sous l’influence de Yara dans l’année, seules 110 heures montrent une surconcentration horaire en PM10 et 90 heures une surconcentration horaire en PM2,5 à La Camée par rapport au site témoin de Plessis. Parmi ces heures d’influence, un impact significatif sur les moyennes journalières est visible sur 4 journées ;
  • La surconcentration en moyenne journalière associée à ces épisodes est estimée entre +9,2 et +14,3 μg/m3 pour les PM10, et entre +4 et +14 μg/m3 pour les PM2,5 ;
  • Le site de Plessis ne semble pas être influencé par les émissions de la zone Yara sur son exposition aux particules fines ;
  • La carrière des six-croix a été identifiée comme une autre source d’influence significative dans les teneurs en particules fines, sur les 2 sites de La Camée et de Plessis ;
  • Sur 15 jours spécifiques d’études, une surconcentration des nitrates et ammonium particulaires est attribuable à l’influence de Yara. Sa contribution s’élève en moyenne à +0,9 μg/m3 pour le nitrate et +0,1 μg/m3 pour l’ammonium lorsque La Camée ou Plessis est spécifiquement sous les vents de l’industrie au cours d’une journée. Les valeurs les plus élevées sont toutefois constatées alors que l’usine était à l’arrêt ;
  • Une décroissance rapide des retombées atmosphériques en ions nitrate et ammonium avec la distance, passant de 27 à 1,6 mg/m²/j entre 210 m et 1,5 km de l’établissement pour l’ammonium, et de 99 à 1 mg/m²/j pour le nitrate.

Ces mesures ont, d’autre part, permis d’évaluer l’exposition de la population qui se traduit par :

  • Des concentrations en particules fines homogènes en moyenne annuelle au niveau régional, tant pour les PM10 (entre 13,8 et 16,1 μg/m3) que pour les PM2,5 (entre 8,6 et 10,3 μg/m3) ;
  • Des niveaux de PM10 inférieurs à la valeur limite et à l’objectif de qualité en moyenne annuelle, et inférieurs aux seuils réglementaires journaliers. Des niveaux de PM2,5 inférieurs à la valeur limite annuelle, mais supérieurs à l’objectif de qualité à La Camée et à Nantes ;
  • Des concentrations en nitrate et en ammonium lorsque La Camée est sous l’influence de Yara qui restent dans la gamme de variabilité des concentrations relevées hors influence, et dépendent des conditions météorologiques ;
  • Des retombées atmosphériques en nitrate et en ammonium en zone habitée (La Camée et Plessis) qui sont faibles et proches des limites de détection, confirmant les résultats issus de la modélisation.

L’ensemble de ces résultats peut être résumé sous le tableau ci-dessous :

Polluant Respect des seuils réglementaires ? Influence de la zone d’activité Yara ? Contribution estimée D’autres émetteurs que Yara ?
PM10 et PM2,5 Respect de la valeur limite annuelle
Proche de l’objectif de qualité en PM2,5
Oui Surconcentration entre +4 et +16 μg/m3 sur la moyenne journalière (4 jours dans l’année) Oui, influence de la carrière des Six-Croix
Nitrates d’ammonium Pas de valeurs réglementaires De Yara et son environnement +0,9 μg/m3 pour le nitrate +0,1 μg/m3 pour l’ammonium Non déterminé

 

Perspectives

Les mesures permanentes se poursuivent en 2022 afin de comparer les valeurs moyennes annuelles des polluants réglementaires avec les différentes valeurs seuils, et renforcer les conclusions établies dans ce présent rapport. De plus, le suivi permanent de ces polluants permettra d’apporter des éléments d’information sur la qualité de l’air dans le cadre de l’étude de zone sur le territoire de la CARENE, pilotée par la DREAL.
Afin de mieux différencier l’influence de Yara des autres émetteurs alentours, Air Pays de la Loire suggère de renforcer la caractérisation des poussières en élargissant les mesures de nitrates et d’ammonium, soit par l’ajout d’un site de mesure, soit par l’élargissement du nombre de jours d’analyse.