23/01/2024
- Air extérieur
Dans le cadre de ses exercices incendies, l’école de sapeurs-pompiers du Maine-et-Loire (EDIS49) s’interroge sur l’impact de ces exercices sur la qualité de l’air, et sur les manières de minimiser l’exposition du personnel aux émissions de ces brûlages. Pour cela, au cours de deux essais incendie, Air Pays de la Loire a déployé des canisters et des ministations afin de mesurer les composés organiques volatils, les particules PM10 et PM2.5, le dioxyde d’azote et le monoxyde de carbone. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’évolution des concentrations de ces polluants avec la distance et de les comparer avec les valeurs toxicologiques de référence.
Contexte
L’école des sapeurs-pompiers de Maine-et-Loire (EDIS 49) a pour projet de monter un nouveau plateau pédagogique incendie dans le cadre de ses exercices incendies. Lors des brûlages, les fumées peuvent générer des gênes olfactives du personnel administratif situé à 130 mètres des essais. L’EDIS 49 s’interroge sur la manière de minimiser l’impact environnemental de ces brûlages effectués lors d’exercices. Elle a ainsi sollicité Air Pays de la Loire afin d’effectuer un premier état des lieux de l’incidence de ces brûlages sur la qualité de l’air relevée à proximité.
Objectifs
L’objectif de l’étude est double :
- Évaluer la contribution de ces essais incendie dans l’exposition aux polluants atmosphériques, notamment les composés organiques volatils (COV), les particules PM10 et PM2.5, le monoxyde de carbone CO et le dioxyde d’azote NO2, ces composés étant particulièrement émis lors de processus de combustion ;
- Estimer l’exposition du personnel administratif situé à proximité des essais incendie en comparant les concentrations mesurées aux valeurs toxicologiques de référence (VTR) en vigueur.
Moyens
Afin de mesurer les COV, des canisters ont été déployés sous le panache de fumée issue de l’incendie à des distances comprises de l’environnement immédiat (10 mètres de la source) à 100 mètres puis 200 mètres de la source. La mesure des autres polluants s’est effectuée par des mesures en continu à l’aide de ministations, positionnées selon cette même méthodologie.
Résultats
Il apparaît que :
- Sur 50 COV mesurés, 30 ont pu être identifiés dont 25 ont pu être quantifiés. Le site à la source est le plus impacté par les essais incendie. Les concentrations y sont jusqu’à 29 fois plus élevées que sur le site à 100 mètres ;
- Le benzène, le propène et le toluène sont les trois composés relevés en plus grande quantité, avec des concentrations respectives de
145 μg/m3, 36 μg/m3 et 31 μg/m3 relevées sur le site à la source. Ces niveaux sont cohérents avec la gamme de concentrations mesurées habituellement par canisters lors d’incendie en situation accidentelle ; - Sur les COV, l’influence des incendies est nulle à partir de 200 mètres de la source ;
- Sur les particules PM10 et PM2.5 ainsi que sur le monoxyde de carbone, l’influence semble négligeable dès 100 mètres, et nulle à 200 mètres de la source, quelle que soit la nature du composé brûlé. Le vent non-établi le jour des prélèvements a toutefois limité l’exposition des stations de mesure aux émissions de l’incendie ;
- Les concentrations enregistrées sur l’ensemble des composés faisant l’objet d’une valeur toxicologique de référence sont nettement inférieures à ces seuils (représentent entre 0 % et 2,6 % des VTR en situation accidentelle).
Sur la nature des composés brûlés, les résultats montrent que :
- Sur 21 COV parmi les 30 identifiés, les niveaux de concentrations sont similaires quel que soit le combustible utilisé, avec un écart-type moyen des concentrations de ± 1,1 μg/m3 entre les 2 brûlages ;
- Les 9 composés suivants : p-cymène, 2-methylbutane, 3-methylbutene, 2-methylpentane, methyl methacrylate, disulfure de diméthyle, décane, limonène et undécane, sont toutefois mesurés exclusivement lors du brûlage d’agglomérés, et ne sont pas mesurés lors du brûlage palettes ;
- Les particules PM10 ne semblent pas être influencées par le type de brûlage, les concentrations étant proches entre les 2 essais. Toutefois, les PM2.5 sont en moyenne 15 % plus élevées lors du brûlage palettes. À l’inverse, le monoxyde de carbone est plus élevé lors du brûlage d’agglomérés (6 mg/m3) que lors du brûlage palettes (4 mg/m3).