31/12/2006
- Air extérieur
Dans le cadre du Plan régional de la Qualité de l’Air, Air Pays de la Loire a initié en 2002 un programme de mesure des pesticides dans l’air. Cette première étude portait sur la mesure de produits phytosanitaires en zones viticoles (pays du Muscadet) et maraîchères et a permis de valider la procédure métrologique. Dans la poursuite de cette première campagne expérimentale, Air Pays de la Loire a élargi en 2004 les mesures en Muscadet aux traitements herbicides.
En 2006, dans le cadre du Plan régional Santé Environnement, un cofinancement entre Air Pays de la Loire et la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales des Pays de la Loire a permis d’étudier une autre zone viticole : l’Anjou (zone viticole la plus importante des Pays de la Loire en termes de superficie).
le dispositif de mesure
Deux sites de Martigné Briand, une commune très viticole, ont été dotés de collecteurs prélevant les phases particulaire et gazeuse des pesticides dans l’air.
Un collecteur a été installé dans le bourg à 100 mètres des vignes les plus proches.
L'autre collecteur a été installé au niveau du moulin Turquais sur une exploitation de 38 hectares localisée à 2 km au nord-est du bourg. Le collecteur a été installé à une dizaine de mètres des vignes les plus proches.
Des prélèvements hebdomadaires ont été effectués simultanément sur les deux sites du 8 juin au 31 août 2006. Cette période englobe les principaux traitements insecticides et fongicides réalisés sur la vigne.
62 molécules ont été analysées dans chaque prélèvement. Cette liste déterminée par Air Pays de la Loire a été réactualisée pour cette étude en tenant compte des informations fournies par le Groupement départemental de développement viticole (GDDV).
trois objectifs principaux
- évaluer les niveaux de pesticides dans l’air durant les traitements fongicides et insecticides en Anjou à proximité immédiate des vignes et également dans un bourg viticole ;
- analyser l’évolution temporelle des concentrations atmosphériques en lien avec les périodes de traitement ;
- mettre en perspective les résultats avec d’autres secteurs viticoles (Muscadet, Champenois, Bordelais, Touraine).
des produits spécifiques à la viticulture mais aussi aux grandes cultures
Sur les 62 molécules recherchées, 12 ont été détectées sur les deux sites de mesure.
Nous retrouvons des molécules fongicides ou insecticides utilisées pour le traitement des vignes à des niveaux qui peuvent dépasser 5 ng/m3 : folpel, chlorphyriphos éthyl, chlorothalonil et pyriméthanil.
La trifluraline (herbicide) non utilisée en viticulture mais sur les grandes cultures a également été mesurée, à des niveaux inférieurs au ng/m3.
Pour les trois fongicides (folpel, chlorothalonil et pyriméthanil), les niveaux de concentration sont similaires entre le bourg de Martigné Briand et le Moulin Turquais. Ceci suggère une certaine homogénéité des teneurs de ces trois molécules sur la commune. En revanche, la teneur moyenne en chorphyriphos éthyl est supérieure sur le site du Moulin Turquais.
L’analyse comparative des molécules détectées en Anjou et dans le Muscadet en 2004 a mis en évidence la présence de molécules communes (folpel, chlorpyriphos éthyl, chlorothalonil et terbuthylazine) mais également des spécificités régionales induites par des pratiques viticoles différentes.
le folpel : la molécule la plus abondante
Le folpel représente plus de 70 % de la masse des pesticides mesurés. Sa concentration atmosphérique moyenne durant la campagne de mesure en Anjou est sensiblement identique à celle enregistrée en 2004 dans le Muscadet durant la même période.
Le chlophyriphos éthyl, le chlorothalonil, le pyriméthanil contribuent à eux trois entre 14 % et 23 % de la concentration totale en pesticides. Ces quatre molécules réunies représentent donc plus de 90 % de la concentration totale.
une évolution cohérente avec les périodes de traitement
L’étude comparative des périodes de traitement et des variations temporelles des concentrations atmosphériques montre une bonne cohérence entre les niveaux enregistrés dans l’air et les périodes d’utilisation des principaux fongicides et insecticides.
vers un suivi périodique en zones viticoles et des premières mesures en arboriculture
Suite aux études menées en zones viticoles (Muscadet 2002, Muscadet 2004 et Anjou 2006) le prolongement de ces études ponctuelles par un suivi périodique des niveaux de pesticides dans l’air en Anjou et en Muscadet est envisagé.
En complément, des premières mesures exploratoires pourraient être réalisées sur d’autres activités agricoles notamment en arboriculture, en Maine-et-Loire.