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Surveillance des pesticides dans l'air ambiant en Pays de la Loire

  • Air extérieur
  • Émissions climat

Depuis 2018 Air Pays de la Loire surveille les niveaux de pesticides dans l’air de la région.

Ce rapport présente les résultats obtenus de juin 2018 à décembre 2021.

Un suivi depuis 2018

Dans le cadre de la campagne nationale exploratoire de surveillance des pesticides dans l’air ambiant qui avait pour objectif d’établir le premier état des lieux harmonisé des niveaux de concentration en résidus de pesticides, Air Pays de la Loire a mis en œuvre de juin 2018 à juin 2019, 3 stations de mesure sur les communes de Saint-Julien-de-Concelles (site à dominante maraîchage-viticulture), de Pouillé (site de grandes cultures) et à Angers au niveau du quartier Monplaisir potentiellement influencé par les traitements arboricoles et viticoles.

Bénéficiant d’un financement quadripartite (DRAAF, DREAL, ARS, Air Pays de la Loire), cette surveillance a été prolongée jusque fin décembre 2021 et complétée par l’intégration de deux stations de mesure supplémentaires : sur un site à dominante polyculture-élevage et grandes cultures dans le nord de la Région (Marolles-les-Braults) en juillet 2019, et sur un site à dominante viticole (La Chapelle-Heulin) en mai 2020.

Localisation sites mesure pesticides Pays de la Loire

76 molécules ont été analysées de façon hebdomadaire selon la stratégie d’échantillonnage proposée par l’Anses  intégrant des prélèvements plus fréquents en période de traitements agricoles.

L’objectif de ce suivi est double :

  • Apporter des éléments d’information (concentrations atmosphériques) aux organismes de santé sur l’exposition par inhalation de la population générale aux pesticides présents dans l’air,
  • Suivre sur le long terme l’impact des actions régionales de réduction de l’utilisation des phytosanitaires mises en œuvre dans le cadre du plan Ecophyto sur les concentrations enregistrées dans l’air.

Ce rapport regroupe les résultats obtenus à partir de juin 2018 jusqu’au 31 décembre 2021.

 

Résultat 1 : 50 molécules retrouvées dans l’air avec des fréquences de quantification à la baisse pour certaines

Fréquences de quantification des 76 molécules étudiées tous sites confondus
Fréquences de quantification des 76 molécules étudiées tous sites confondus

Sur les 76 substances actives recherchées :

  • 5 ont été quantifiées à une fréquence d’au moins 30 % : lindane (88 % des échantillons), pendiméthaline (76 %), s-métolachlore (42 %), triallate (38 %) et prosulfocarbe (32 %),
  • 5 ont été quantifiées à une fréquence comprise entre 10 et 30 % : chlorothalonil, chlorpyriphos-méthyl, diflufenicanil, folpel et propyzamide,
  • 40 autres molécules ont été quantifiées dans des proportions inférieures à 10 %,
  • 26 n’ont jamais été quantifiées.

Le suivi mis en œuvre depuis 2018 permet d’étudier l’évolution interannuelle de la fréquence de quantification des différentes molécules analysées qui peut rendre compte d’éventuelles baisses ou arrêt dans l’utilisation de certaines molécules.
Le chlorothalonil (fongicide utilisé sur de nombreuses cultures : blé, seigle, tomate, orge, pommes de terre…) qui était quantifié dans plus de 20 % des prélèvements en 2019 et 2020 ne l’est quasiment plus en 2021. De fait, son utilisation a été interdite après le 20 mai 2020.
Le Chlorpyriphos-methyl, a également vu sa fréquence de quantification passer de 20 % en 2019 à moins de 3 % en 2021. Après une forte réduction du nombre de cultures-cibles au niveau national le 5 décembre 2018, la substance a perdu son autorisation comme substance active phytosanitaire le 31 janvier 2020 au niveau européen.

 

Résultat 2 : une prépondérance des herbicides dans l’air

Contributions du type de pesticides à la concentration totale

 


D’une façon globale, une prédominance des herbicides est observée avec notamment la présence du prosulfocarbe et dans une moindre mesure de la pendiméthaline.
Cette prédominance des herbicides s’accentue sur les sites de « grandes cultures » (Pouillé et Marolles-les-Braults) où ce type de pesticides est le plus utilisé notamment des molécules volatiles comme le prosulfocarbe, la pendiméthaline, le s-métolachlore. Il convient par ailleurs de rappeler que le glyphosate, qui est la substance la plus utilisée dans la région, n’est pas recherchée, notamment pour une question de coût lié au protocole spécifique d’analyse.

Les fongicides sont moins représentés dans l’air que les herbicides mais peuvent l’être de façon significative notamment à La Chapelle-Heulin, Saint-Julien-de-Concelles et Angers. Parmi les fongicides, le folpel est le plus présent dans l’air en particulier sur les sites localisés à proximité de vignes (La Chapelle-Heulin, Saint-Julien-de-Concelles). Le folpel est notamment utilisé pour lutter contre le mildiou en zone viticole. A noter toutefois qu’un nombre important de fongicides très utilisés (soufre, cuivre, mancozèbe, chlorothalonil…) ne sont pas recherchés, notamment du fait de l’absence ou de la faible fiabilité des protocoles d’analyse associés.

Les insecticides, utilisés généralement à très faibles doses, sont très minoritaires par rapport aux herbicides et fongicides.

 

Résultat 3 : une concentration moyenne plus élevée sur les sites proches de grandes cultures

Concentration moyenne par famille de substance active du 12 mai 2020 au 31 décembre 2021 par site
Concentration moyenne par famille de substance active du 12 mai 2020 au 31 décembre 2021 par site

 

En matière de concentrations moyennes enregistrées, nous pouvons distinguer 2 catégories :

  • Les sites à dominante de grandes cultures (Marolles-les-Braults, Pouillé) qui présentent des concentrations moyennes tous pesticides confondus les plus élevées avec des niveaux 30 % plus élevés à Pouillé par comparaison à Marolles-les-Braults,
  • Les 3 autres sites qui présentent des niveaux plus de 3 fois plus faibles que ceux enregistrés sur les sites de grandes cultures. Au sein de ces sites, le site de Saint-Julien-de-Concelles présente un niveau moyen le plus faible tandis que la moyenne à la Chapelle-Heulin est 40 % plus élevée que celle enregistrée sur le site d’Angers.

 

Résultats 4 : des concentrations plus élevées à l’automne

Évolution temporelle des concentrations en pesticides à Pouillé (juin 2018 - décembre 2021)
Évolution temporelle des concentrations en pesticides à Pouillé (juin 2018 - décembre 2021)

Sur l’ensemble des sites, l’évolution temporelle au sein de l’année est comparable, avec les concentrations les plus élevées en pesticides dans l’air en octobre et novembre conformément aux observations faites lors de la campagne nationale en 2018-2019. Elle est particulièrement visible sur les sites de grandes cultures (Pouillé et Marolles-les-Braults), avec une utilisation d’herbicides pour le désherbage des céréales d’hiver notamment avec du prosulfocarbe. Les fongicides se retrouvent essentiellement au printemps tandis que les insecticides très minoritaires sont présents tout au long de la période.

Le suivi réalisé sur plusieurs années permet également d’observer des variations interannuelles.

Par exemple, les niveaux en prosulfocarbe (herbicide céréales) à Pouillé mesurés à l’automne 2019 sont faibles par rapport aux automnes 2018, 2020 et 2021. En 2019, les applications de prosulfocarbe à l’automne ont été fortement réduites voire non réalisées, en raison de conditions météorologiques très défavorables à son application : pluies abondantes en novembre 2019.

A Saint-Julien-de-Concelles, les niveaux en folpel en juin 2018 sont élevés par rapport aux mois de juin 2019, 2020 et 2021. Une forte pression du mildiou en lien avec une forte pluviométrie a nécessité des traitements plus intenses en 2018.

 

Perspectives

Le suivi régional sera poursuivi sur 4 sites jusqu’au 31 décembre 2022. Le suivi sur le site de Saint-Julien-de-Concelles est arrêté compte tenu des faibles niveaux enregistrés, de sa proximité géographique avec le site de la Chapelle-Heulin et afin de limiter les coûts d’analyses.

Cette prolongation permettra de réaliser une nouvelle année de mesures et ainsi de confirmer ou non les observations faites les années précédentes. Cette année supplémentaire de mesure permettra également de poursuivre l’étude des variations interannuelles des niveaux enregistrés en lien notamment avec les conditions météorologiques et l’évolution des pratiques culturales.

Au niveau national, des réflexions sont en cours par le Ministère de l’Environnement et la Fédération Atmo France pour poursuivre le suivi mis en œuvre depuis juillet 2021 jusqu’à fin 2023. Ce suivi se concrétiserait en Pays de la Loire par la poursuite des mesures à Angers jusqu’à la fin de l’année 2023.