01/10/2024
- Air extérieur
La zone industrielle de la Chauvinière, au Mans, est sujette depuis une dizaine d’années à des gênes olfactives régulières liées à des entreprises locales. Deux experts nez ont effectué un diagnostic olfactif de cette zone les 16 avril, 24 juin et 27 juin 2024, afin de dresser une cartographie odorante. Sur les 4 secteurs industriels identifiés, les notes principalement perçues sont le scatol, les acides volatils, les soufrés et les aminés-chlorés, en lien avec la dégradation de la matière organique. Ces odeurs peuvent porter jusqu’à 500 mètres de la source, avec des intensités pouvant être perçues de modérées à fortes. Maintenir couverts et minimiser la durée de stockage des déchets et des solvants pourrait aider à réduire ces odeurs. La formation d’un jury de nez bénévoles permettrait également d’aller vers une démarche de médiation et de suivi à long terme de la situation olfactive de la zone.
Contexte
Au sein de la zone industrielle de la Chauvinière, au Mans, des salariés de la Métropole du Mans et des habitants font régulièrement état de gênes olfactives, depuis une dizaine d’années. Malgré les travaux réalisés et les démarches engagées par certains établissements de la zone, ces nuisances olfactives sont toujours perceptibles.
La Métropole du Mans a ainsi mandaté Air Pays de la Loire qui, accompagné de la société spécialisée en odeurs Osmanthe, a effectué un diagnostic olfactif initial de la zone. L’objectif de ce diagnostic repose en 3 points :
- identifier les profils olfactifs des secteurs industriels de la Chauvinière
- cartographier les odeurs sur l’ensemble de la zone
- évaluer la portée odorante des industries dans leur environnement, et déterminer lorsque cela est possible la limite de perception de ces odeurs.
Moyens
Afin de répondre à ces objectifs, une tournée olfactive a été effectuée par 2 experts formés au Langage des Nez®, les 16 avril, 24 juin et 27 juin 2024.
23 points olfactifs ont été effectués à l’intérieur des périmètres industriels potentiellement odorants, regroupés en 4 secteurs.
Conjointement, 21 points olfactifs ont été effectués dans l’environnement extérieur afin de déterminer la portée odorante de ces secteurs industriels.
Résultats
Les investigations ont montré que :
- À l’intérieur des 4 secteurs industriels identifiés (comprenant les industries Synerval, Veolia, Yoplait, SOA, SOTREMO, PAPREC), les notes odorantes principales mises en évidence sont le scatol, les acides volatils, les soufrés et les aminés-chlorés. Ces notes sont caractéristiques de la dégradation de la matière organique ;
- L’intensité maximale relevée sur ces 4 secteurs atteint un niveau 6, une intensité qualifiée de « forte » ;
- L’emprise odorante de ces secteurs est fortement dépendante des conditions météorologiques. Par vents faibles, l’emprise odorante peut rester limitée à 300 mètres autour de l’industrie, selon le secteur. Par vents forts, des intensités odorantes modérées sont perçues jusqu’à 500 mètres de la source ;
- Les notes les plus perçues dans l’environnement extérieur au sein de la zone de la Chauvinière sont le scatol, les acides volatils, les soufrés et les aminés-chlorés, en cohérence avec les notes relevées dans les périmètres intérieurs des secteurs industriels ;
- Le secteur 4 et, dans une moindre mesure, le secteur 3, ont été identifiés comme les secteurs les plus odorants et ayant la portée olfactive la plus forte sur leur environnement ;
- Les intensités odorantes relevées dans la zone de la Chauvinière sont fortes pour 14 % des zones investiguées, modérées pour 57 %, et faibles pour 29 %. Le Boulevard Demorieux, influencé par les secteurs 2, 3 et 4, a été identifié comme la zone la plus sujette au risque de gêne olfactif, dans les conditions météorologiques rencontrées lors des investigations.
Perspectives
L’établissement des profils olfactifs par secteurs industriels ainsi que la cartographie odorante de la zone de la Chauvinière posent les premières bases d’un diagnostic olfactif. Afin que celui-ci soit complet et durable, deux actions sont à envisager par la suite :
- Dans une démarche de médiation et de suivi à long terme des odeurs à la Chauvinière, la formation d’un jury de nez incluant à la fois des salariés de la Métropole du Mans et à la fois des représentants industriels de chacun des secteurs identifiés permettrait de faire un suivi de la situation olfactive sur le long terme. Cela faciliterait également le dialogue entre les industriels et la collectivité au sein de la Chauvinière en cas de signalement olfactif ponctuel ;
- Afin d’identifier des leviers d’actions pour faire baisser les émissions odorantes à la source, des investigations odorantes plus précises sont à envisager au sein de chaque industrie. Pour cela, des experts nez pourraient dresser le profil olfactif par processus industriel, de manière individualisée, au sein de chaque secteur, et ainsi identifier les process les plus à même de générer des nuisances olfactives et sur lesquels il est possible d’agir.
Préconisations
Au regard de ce diagnostic olfactif initial et des résultats obtenus, des préconisations générales sont proposées.
Du point de vue des industriels :
- Maintenir couverts les stockages d’eaux usées, de boues, de dégrillages et de solvants, si possible dans des bâtiments fermés.
- Garantir le bon état de fonctionnement des dispositifs de captation et d’abattement des effluents gazeux.
- Minimiser la durée de stockage des déchets (et notamment déchets verts), particulièrement en cas de fortes chaleurs.
- Maintenir les bonnes pratiques comme le nettoyage régulier des sols et des cuves.
Du point de vue de la collectivité :
Air Pays de la Loire déconseille la construction de zones habitables ou de bureaux de services sur le champ situé au nord-ouest de la zone de la Chauvinière, ce champ ayant été identifié comme étant sous l’influence odorante des activités industrielles sous certaines conditions météorologiques.